Apprendre la confiance en soi
- Sylvain Mira
- 12 juil. 2022
- 4 min de lecture
Les personnes ne croient plus en leurs capacités. Cela est manifeste lors de n'importe quel apprentissage, mais c'est encore plus vrai dans l'énergétique ou la spiritualité: la plupart vont se vouer à un saint moderne en lui donnant les pleins pouvoirs ou à peu près... pour guider leur destinée spirituelle. Mais un vrai enseignant ne donne souvent pas de réponse. Il attend que l'élève les trouve en lui-même, par l'expérience.

La plupart des maîtres traditionnels que j'ai rencontré disaient "ça n'a pas d'importance" quelle que fût la question... et souvent ils ponctuaient la phrase par un grand rire dont seuls les tibétains ont le secret. Pour ma part, je n'en suis toujours pas capable, probablement parce que les questions m'attristent encore.
Eluder les questions pour qu'elles reviennent à l'envoyeur
Parfois, parce que je guide des méditations, on m'approche pour que je trouve une solution, ou pour chercher conseil, et je laisse souvent les choses en suspend. Et encore davantage s'il s'agit d'une expérience de la conscience. Je dis vaguement "c'est bien, mais c'est illusoire d'y tenir". Pas parce que je ne considère pas la personne ou la question. Mais parce que c'est ça: "après l'extase la lessive" comme dirait kornfield. Car c'est au fond de soi que se trouvent les réponses, au fond sans doute du miroir-ciel vaste, en tout cas dans une intime profondeur.
Penser qu'un être extérieur à qui l'on va exposer la surface d'un problème (qui demanderait des journées entières de discussion) puisse avoir une meilleure vue que soi, c'est bien peu se considérer. Même si cet être est avisé, ce n'est pas la même réalité. Parfois on me parle d'un problème, et se dessinent devant moi des forêts, des montagnes et des déserts par lesquels la personne devrait marcher pour les appréhender. Dans l'instant, rien n'est possible. Rassurer ? Un peu, évidemment. Mais n'est-ce pas inutile ? Ça ne fait pas véritablement avancer. Confronter ? Un peu également. Mais c'est déjà souvent trop difficile pour certains. Et quant à penser avoir trouvé une réponse, autant du coté d'un enseignant que d'un élève, cela anéantit aussitôt l'essence de la réponse. Je me dis toujours que la beauté d'une question est dans sa suspension. Répondre, c'est poser une chape de certitude sur un rêve.
En finir avec la peur
Il n'y a pas de réponse, ni même de question autre que la peur ou la motivation de l'éveil. Et la plupart des questions que j'entends sont motivées par la peur. Malgré les apparences, on ne sait toujours pas trouver la clef qui ouvre les portes du ciel intérieur: Pire, chacun cherche la serrure dont il n'a pas la clef. Et s'il existe des méthodes puissantes, peu sont prêts à arpenter réellement le chemin de la pratique. Cela me désolerait véritablement, profondément, si je ne savais pas que chacun marche déjà dans ses propres pas et à son rythme. Mais cette peur est un moteur puissant et le seul moyen de s'en séparer est de trouver son antidote: supprimer le besoin d'être validé, reconnu, aimé, d'exister. Et c'est paradoxalement lorsqu'on n'a plus besoin de nourrir le petit être affamé d'amour, que nous pouvons croire pleinement en nos capacités... car nous nous découvrons entier ! Mais que de chemin pour parvenir à cela.
La voix intérieure
Nous serions bien avisés de parfois lui prêter l'oreille. Car la voix intérieure, c'est l'écoute du cœur et de l'intuition. On ne choisit pas un chemin dans le vacarme, on le pense dans le silence. Il n'y a que le silence pour faire place à la voix intérieure, à la sagesse que nous possédons tous. Puis si l'entendre est un premier pas, le suivant est de la suivre. Suivre la voix qui remonte des profondeurs pour nous indiquer le chemin, sans peur, avec l'émerveillement de celui qui surprend un cerf dans la forêt.
Répéter sans comprendre !
Celui qui se ferme à sa voix intérieure basera tout son parcours sur celui de quelqu'un d'autre. C'est déjà l'antithèse de la liberté. Mais du coup, on tourne parfois en rond longtemps et on recopie ce qui est donné à voir autour de soi, créant plus des cercles de médiocrité que de créativité. On répète des phrases de sagesse sans les comprendre, on essaie de méditer 3 jours puis on arrête, on devient coach de la vie des autres parce que c'est à la mode et que la notre est en vrac, on poursuit des relations vides, des espoirs vides, des trésors éphémères qui fondent instantanément lorsqu'on les agrippe. C'est l'autoroute de la souffrance et de l'ignorance.

Pour croire en soi, s'entourer de gens qui croient en nous !
N'est-ce pas évident: plus l'on s'entoure de gens qui nous dénigrent ou ne reconnaissent pas nos capacités, plus l'estime de soi s'effondre ! Il est alors important de s'entourer de personnes qui ont les mêmes objectifs, la même vision, qui croient en nos possibilités ! Et nous-même, il faut être conscient que nous pouvons jouer ce même rôle envers ceux que l'on aime.
L'expérience construit la confiance en soi
Alors construisons cette expérience ! Progressivement, sans pression, commençons à accumuler des bases saines, à petits pas. Cela mène déjà loin, beaucoup plus vite que prévu ! Croire en soi, c'est être capable de pratiquer par soi-même, en autonomie, les pratiques qui nous feront grandir. Ne pas se laisser flouer par le doute, par les autres, par les lumières scintillantes des alentours, mais tracer son chemin comme un guerrier compassionné.
La serrure, c'est l'esprit. La clef, c'est la pratique directe. Combien de fois je peux le répéter ? Je vais le répéter jusqu'à ma mort. Le reste n'est pas important.
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